mercredi 15 juillet 2015

Mon papa à moi.

Il est assez rare que je m'étale véritablement sur ma vie personnelle. Je partage beaucoup de choses avec vous mais au final, je suis sûre que vous avez une image idéalisée de superstar mondiale de la blogosphère ...
Sublime, brillante, avec une vie de rêve, un corps de loutre (ça c'est vrai), un peu inaccessible quand même ! Rhooooo ça va si je peux plus rigoler ^_^

Aujourd'hui j'écris cet article parce que j'ai appris il y a quelques mois que j'avais un lecteur très spécial : mon papa. 



J'ai eu quelques jours où je me suis auto censurée sachant que mon papa lisait mes bêtises, mais le naturel est vite revenu et j'ai continué à écrire des bêtises énormes en espérant qu'il ne prenne pas peur. 

Mon papa, je l'aime plus que tout. Et je me suis dis que ce blog était une occasion de plus de le lui dire. 

Mon papa à moi, c'est le plus gentil du monde. Un vrai nounours suédois tout doux et tout plein d'amour. 

Mon papa à moi, il a des yeux tous gentils et tendres et des cheveux pas très disciplinés dont j'ai hérité.



Mon papa à moi, il a été élevé à un époque et dans une famille où on donnait du Monsieur à son père et du Madame à sa mère. Une époque et une famille où il était normal d'envoyer ses enfants dès le plus jeune âge dans des pensionnats à la discipline militaire au fin fond de la forêt suédoise avec les loups, les trolls et sans boulettes IKEA. Une époque et une famille où les rares fois où les enfants rentraient pour les vacances, ils étaient illico envoyé à l'étranger pour apprendre une autre langue. 

Mon papa à moi, son pensionnat était réputé tellement dur que lorsqu'il s'est présenté pour son service militaire, il a de suite été réformé. Pourquoi ? pas à cause de ses lunettes, ni à cause de son peu de passion pour le sport. Nan, le recruteur lui a dit que vu où il avait passé toute son enfance, il n'avait pas du tout besoin d'apprendre la discipline et la rigueur. Et hop, réformé !  

Mon papa à moi, il a perdu son père à un âge où un jeune homme rentre tout juste dans la vie active et quelques mois seulement avant de lui-même devenir papa . 

Mon papa à moi, c'est un voyageur. Il a entre autre découvert la Thailande à une époque où il n'y avait pas des vols discounts toutes les 2 heures pour ce pays. C'était encore la grande aventure avec plusieurs jours de voyage pour arriver à destination.




Mon papa à moi, il adore les animaux. Il a eu des chiens, des perroquets (dont Jacko un magnifique gris du Gabon qui se balladait sur son épaule), des poissons ...



Mon papa à moi, c'est un papa poule. Aussi loin que je me souvienne, il s'est toujours occupé de moi. Il était avant gardiste en étant père au foyer. 






Mon papa à moi, il m'a appris à faire du vélo, du ski, du patins à glace, de la luge, à nager ... 

Mon papa à moi, il me lisait des histoires. Il prenait sa guitare pour me chanter mon anniversaire. Il m'aidait à construire des tentes dans ma chambre avec des draps et des cordes qu'on attachait aux placards (uniquement quand maman n'était pas là). Il m'apprenait le suédois en me faisant répéter inlassablement des BD Disney ... 


Mon papa à moi, c'est un geek. C'est lui qui m'a fait découvrir Star Wars qu'on regardait en boucle. Il a toujours eu des gadgets incroyables, des ordinateurs et quand les premières consoles de jeu sont sorties, il a eu l'excellente excuse de m'en offrir pour pouvoir en jouer aussi ; )
Quand je bloquais à certains niveaux sur des jeux vidéos, il achetait en douce des livres de trucs et astuces pour m'aider à avancer.

Mon papa à moi, il a un humour débile. Comme moi quoi. Je me rappelle particulièrement de ce jour, où il a trouvé très rigolo de m'écraser une meringue sur le visage pendant que je la mangeais. S'en est suivi une course poursuite à la maison, à se lancer des bouts de meringues et j'ai fini toute habillée sous la douche avec crise de fous rires mémorable. 

Mon papa à moi, il m'a fait aimé le cinéma. Petite je regardai en boucle les Charlie Chaplin, les comédies musicales américaines, tous les dessins animés ... On avait un super abonnement pour louer des cassettes (oui oui des K7, c'était une autre époque) et on se faisait des weekends films/grignotages devant la TV. 

Mon papa à moi, il m'a fait aimer la musique. Il faut dire qu'il avait une installation de niveau pro. Et souvent les weekends, il s'installait dans un gros fauteuil, moi à ses côtés, et on écoutait de la musique. Souvent du classique, souvent les Beatles, souvent des tubes des années 60. C'est comme ça que j'ai tout un pan des années 80 que je ne connais pas parce que j'écoutais quasiment que du classique. Ça ne m'a pas empêché du jour au lendemain d'écouter du Hard-Rock au grand désarroi de mon papa.

Mon papa à moi, il cuisinait pour moi. Quand je rentrai de l'école à midi, un bon petit plat m'attendait toujours. On avait nos petites traditions aussi : la fondue bourguignonne sur la terrasse en automne, le repas de Pâques avec sa fameuse salade de pommes de terre, ma sole meunière pour mon anniversaire ...

Mon papa à moi, il faisait mes courses littéraires. J'avais un budget illimité pour ce qui était des livres. Il suffisait que je lui fasse une liste. Il a encouragé mon goût de la littérature. Parfois il allait aussi me prendre des magazines à la papeterie. Au vu des magazines que je lui faisais acheter, un jour la buraliste lui a dit : "Monsieur vous n'avez ni 20 ans (réf au magazine) et vous n'êtes ni Jeune ni Jolie (re-ref au magazine) " ... Ambiance ... 

Mon papa à moi, il m'emmenait en ballade. Souvent les dimanches, on prenait la voiture et on partait dans l'arrière pays à Peira Cava, à l'aéroport de Nice voir les avions décoller, au port de Beaulieu voir les jolis bateaux ... Je râlais souvent mais en fait j'adorais ça ! Je crois que si aujourd'hui j'aime autant conduire c'est grâce à lui. 



Mon papa à moi, il a du avoir le coeur gros ce jour là. Le jour où après une énième violente dispute avec ma mère (moi et le côté mère , c'est compliqué ... très compliqué), à quelques jours de mes 18 ans et en ayant tout juste passé mes épreuves de bac, j'ai fais mes valises et je suis partie. Il m'a regardé partir avec ma valise et mon nounours sous le bras. Moi qui pensait faire ma grande et prendre mes responsabilités, je n'étais encore qu'une enfant. Je ne me suis pas retournée pour voir comment il réagissait. Il m'a donné sa bénédiction, il m'a compris. C'était tellement compliqué qu'il a su que je n'avais pas vraiment le choix. Mais ça a du lui faire du mal. 

Mon papa à moi, je lui aie menti. Le jour où je suis partie avec ma valise et mon nounours, il pensait que c'était uniquement à cause de mes relations orageuses avec ma mère. Sauf qu'en réalité, j'ai fui. J'ai fui parce que j'étais enceinte et que je craignais la réaction de ma mère, et que je pensais que la fuite était la seule option possible. 

Mon papa à moi, il m'a soutenu. Quand il a fini par apprendre la vérité, il ne m'a jamais fait de reproches. Il ne m'a jamais fait la leçon. Il m'a même donné la possibilité de continuer mes études si je le souhaitais et il s'est proposé de s'occuper de Miss Fifille. Mais j'étais fière. Et têtue. Et bornée. J'ai refusé son aide. Je me devais d'assumer et devenir mère et responsable. 

Mon papa à moi, quand sa petite fille est née, était tout sourire. Il a même essayé de me persuader que les crottes des nourrissons sentaient la rose (faux ... archi faux !!!).


Mon papa à moi, ça a du lui faire bizarre, très bizarre de voir sa fille à peine sortie de l'enfance devenir mère. Et je n'y avais jamais pensé, avant de trouver cette photo il y a quelques années.



Mon papa à moi, il m'a écouté pleuré lorsque j'ai mis fin à 11 ans de relation avec le père de Miss Fifille. Il ne m'a pas jugé, il ne m'a pas fait la leçon. Il m'a soutenu et écouté. 

Mon papa à moi, il avait l'air sacrément fier et heureux le jour où Chéri lui a demandé ma main. Quand je me suis écroulée en pleurant sous le coup de l'émotion, il s'est levé, m'a prise dans ses bras en me disant que je serai toujours sa petite fille. 

Mon papa à moi, il avait l'air sacrément fier et heureux le jour de mon mariage. Un sourire immense et ému, un peu de buée sur ses lunettes. J'étais tellement fière et heureuse de rentrer à son bras dans la petite église.

Un petit peu de rhum avant de rentrer dans l'église ; ) 



Mon papa à moi, c'est aussi un héros qui s'ignore. Toujours prêt à mettre sa cape de super héros quand je suis en difficulté.

Mon papa à moi, il est souvent dans la lune. Que dis-je, sur une autre planète ou même un autre système solaire. Il a toujours un air un peu perdu, parfois même un peu triste.



Mon papa à moi, il ressemble beaucoup à Robin Williams. Le même sourire, la même mélancolie. J'ai toujours détesté voir Robin Williams triste dans ses films, j'avais l'impression de voir mon papa. 

Mon papa à moi, n'a pas eu beaucoup de chance côté amour. C'est vrai qu'il peut être énervant et exaspérant à toujours être dans la lune, à être décalé, avec ses petites manies et habitudes qui viennent avec l'âge, avec ses principes d'une autre époque. 

Mon papa à moi, il mérite d'être aimé. Aujourd'hui, je rêve qu'il refasse sa vie. Qu'il trouve quelqu'un qui l'aime avec ses qualités et ses défauts, avec ses petites habitudes, ses manies. Quelqu'un qui ne profite pas de sa générosité. Je me fiche complètement de l'âge qu'elle pourrait avoir, il pourrait trouver l'amour avec une fille plus jeune que moi, j'en aurai rien à faire !!! Tout ce que je veux, c'est que quelqu'un l'aime sincèrement et voire même lui donne pleins d'autres enfants !!!!!
Et si elle a le malheur de le rendre malheureux, elle pourrait très bien se retrouver au fond d'un khlong, les pieds dans du ciment.

Mon papa à moi, il est un peu solitaire. Il est reparti vivre en Suède, lui qui aime tant le soleil et la Mer Méditerranée, loin de ses amis. Il a perdu un de ses frères avec qui il discutait tous les jours de bateaux, d'avions, de nouveaux gadgets. Il est un peu seul mon papa. Et j'aimerai tellement qu'il se rapproche de nous. Depuis quelques années, on essaye de le sortir de sa grisaille l'hiver, en l'emmenant en vacances avec nous. Il y a eu Barcelone, Florence pour ses 60 ans (il n'a su qu'à la dernière minute où l'avion l'emmenait), la Thailande ...

Mon papa à moi, qui aime tant la technologie, a du mal à se mettre à Internet. J'aimerai - non pardon , ON : Grande Miss, Chéri et moi aimerions qu'il s'y mette réellement. C'est déjà pas mal qu'il aie un compte email et qu'il navigue un peu sur son téléphone mais c'est à peu près tout. J'aimerai qu'il se prenne ENFIN un abonnement à la maison et qu'il ouvre un compte Facebook. Pas pour s'amuser à poker des gens (quoique ...) et dire des bêtises dans ses statuts (quoique ...). 
Nan, pour qu'il partage un peu de notre quotidien, pour que je puisse rapidement lui envoyer des articles que je lis, que je glane sur le net. Pour qu'il voit les photos que l'on poste, pour qu'il voit sa petite fille grandir. Pour qu'on échange instantanément. 




Mon papa à moi, je ne l'appelle VRAIMENT pas assez souvent. Je ne lui donne pas assez de nouvelles. Je ne m'occupe pas assez de lui. Je ne lui fais pas assez de câlins. Je n'insiste pas assez pour qu'il vende son appartement à Stockholm et vienne au soleil.

Et pourtant, si il savait. Mon papa à moi, je l'aime plus que tout. Il me manque. Je m'inquiète pour lui. Je pense très souvent à lui. Je n'aime pas le savoir seul en Suède. Je n'aime pas qu'il soit célibataire. Je n'aime pas le voir vieillir loin de nous. Je n'aime pas le voir devenir si casanier alors que c'est un voyageur. Je n'aime pas entendre dans sa voix des petits mensonges faits pour me rassurer et me dire que tout va bien alors que je sens bien que non. Je n'aime pas imaginer qu'il puisse tomber vraiment malade.

Mon papa à moi, je voudrai qu'il vienne passer une grande partie de l'année ici avec nous. Qu'il se gorge de soleil, de bons petits plats. Qu'il rencontre une personne qui le rende heureux. Qu'il ait des enfants qui le rendront chèvre. Qu'il ait des animaux qui lui tiennent compagnie. Qu'il recommence à voyager comme dans sa jeunesse.


Mon papa à moi, j'aimerai qu'il vienne faire du babysitting quand on mettra enfin en route un bébé. J'aimerai qu'il lui inculque les mêmes valeurs, la même ouverture d'esprit, la même culture. J'aimerai qu'il lui parle en suédois et lui apprenne tout de ses origines et de son pays nordique. J'aimerai qu'il lui transmette toutes nos riches histoires familiales.

Mon papa à moi, je l'aime. Et je veux lui dire que je regrette de lui avoir donné tant d'inquiétudes, de soucis avec tous les rebondissements de ma vie. Je regrette d'être partie ce jour là avec ma valise et mon nounours sans me retourner. Je regrette de ne pas être le genre de fille qui appelle tous les jours.



Mon papa à moi, je l'aime. Et je veux lui dire que je vais bien. Je suis une femme épanouie, heureuse, bien dans sa tête. Comme tout le monde j'ai mes petites névroses et inquiétudes, mais dans l'ensemble je suis vraiment quelqu'un d'heureux et positif. Même si parfois il y a des coups durs, ça va je vais bien. Il m'a toujours donné de la stabilité et un amour infini.
Et si aujourd'hui je suis aussi heureuse, c'est grâce à lui.


Alors merci Papa. Merci pour tout. Je t'aime fort et tu me manques. 
Ne l'oublie jamais ça ! 

P.O.K 
(Puss och Kram. Bisous et câlin en suédois)


Linda.




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